Généreuse, toujours disponible, ouverte sur les autres,
Tu donnais sans jamais compter,
Tu avais à peine 23 ans mais des rêves d'existence plein la tête,
Tu étais en quête d'une vie simple sans chimères ni artifices.
Tu ne trouvais ta place
Dans cette société déshumanisée et matérialiste ;
Fatiguée de lutter sans jamais atteindre ton idéal,
Tu as choisi de partir par un bel après-midi de printemps
Dans un endroit qui te ressemble,
Là où la nature est en paix avec les hommes.
Nous garderons de toi quelques tranches de vie souriante,
Des petits moments d'amitié sincère,
Au détour d'un champs fauché sous le soleil de juillet,
A l'abri d'une grange devant une pile de bois bien rangée,
Au milieu d'une horde de chevreaux affamés,
Ou devant un repas tout simplement partagé.
Nos seuls regrets resteront à jamais
De n'avoir réussi à ce que tu te voies
Ne serait-ce qu'une seule fois
Avec nos yeux.
The smile of a tear, Joan Miro (1973)
L'ennemi de Charles Baudelaire, extrait de Spleen et Idéal, recueil "les Fleurs du Mal" (1857)
Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage,
Traversé ça et là par de brillants soleils ;
Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage,
Qu'il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.
Voilà que j'ai touché l'automne des idées,
Et qu'il faut employer la pelle et les râteaux
Pour rassembler à neuf les terres inondées,
Où l'eau creuse des trous grands comme des tombeaux.
Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve
Trouveront dans ce sol lavé comme une grève
Le mystique aliment qui ferait leur vigueur ?
— O douleur ! ô douleur !
Le Temps mange la vie,
Et l'obscur Ennemi qui nous ronge le coeur
Du sang que nous perdons croît et se fortifie !
Playing for change, "stand by me"